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Libération
Interview

«L’agronomie a une puissance utopique»

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Dominique Marchais. réalisateur du «Temps des grâces» :
publié le 10 février 2010 à 0h00

Il y a quelque chose chez Dominique Marchais qui ressemble un peu à son film (1), des façons de parler qui tournoient et s'agrègent, des manières d'orage qui fond, un discours architectonique. On le rencontre dans un café rouge, il veut parler d'agronomie, on lui pose des questions de cinéma formalistes. Heureusement, comme dit Leibniz, «les unités de substance» ne sont pas «autre chose que des différentes concentrations de l'univers, représenté selon les différents points de vue qui les distinguent». Tout est donc pour le mieux.

Quelle est l’origine de votre projet ?

Il y a eu un moment de ma vie où plusieurs événements, lectures, voyages m'ont fait comprendre que je ne pouvais plus refouler le malaise que je ressentais à l'égard du monde rural. Il me fallait questionner ce malaise, voir quelle en était la part de fantasme, de nostalgie mal placée. Je viens de la campagne, d'une famille d'agriculteurs, mais sans m'être jamais projeté dans cette profession. En faisant le film, je me suis rendu compte que ce qui alimentait mon imaginaire rural et agricole, c'était plutôt la littérature du XIXe siècle que ma biographie. Les descriptions de domaines chez Balzac, Tolstoï ou Pouchkine. Je ne suis pas écolo, ni militant au départ. Je suis parti sans préjugés. Ce qui m'intéressait le plus, c'était l'interrelation entre les champs de savoir. Je voulais tout inclure : l'histoire de la PAC, les relations commerciales entre les Etats-Unis et l'Europe, l'agronomie, etc. Durant l'année et demie qu'