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Interview

le Label Histoire

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Nuance . Jean-Marc Moriceau, expert ès ruralité, juge le film.
publié le 10 février 2010 à 0h00

Jean-Marc Moriceau, normalien, est professeur d'histoire moderne à l'université de Caen, où il codirige (avec le géographe Philippe Madeline) le pôle pluridisciplinaire «société et espaces ruraux». Il est l'auteur notamment de Terres mouvantes (Fayard). Il s'apprête à publier en mai avec Philippe Madeline Un paysan et son univers, de la guerre au marché commun (Belin). Il a vu, pour Libération, le Temps des grâces, et nous livre ses réflexions.

«J’ai trouvé le film très juste, riche et particulièrement bien senti sur le monde agricole, au croisement de l’ethnologie, de l’histoire et de la sociologie ce qui est rare. Par-delà tous les éloges que je pourrai adresser au film, je ferai cependant quelques critiques ou j’apporterai quelques nuances en qualité de scientifique.

«D’abord sur l’impression de pessimisme unilatéral qui se dégage de la vision du cinéaste. On a l’impression que trente années de productivisme ont gâché un potentiel écologique et détérioré l’outil de production, la terre en particulier. Ce n’est pas faux, mais est-ce vrai pour l’ensemble de l’espace rural français ? Et quid de la situation à l’étranger, la France n’est-elle pas en définitive mieux lotie ou préservée que ses voisins italiens, espagnols et anglais ? De même, le choix des intervenants conduit dans la dernière partie à une amplification du discours alarmiste. Mais c’est aussi lié au fait que Dominique Marchais donne, surtout en matière scientifique, la parole à