Si le cinéma a toujours été une terre particulièrement accueillante pour les biographies plus ou moins fantaisistes d'illustres personnages, la question de la crédibilité des comédiens reste un territoire aux frontières vagues, entre exercice de mimétisme et transgression du modèle. Dans le genre inattaquable, on peut évidemment citer Lawrence d'Arabie de David Lean, pour lequel le bel Anglais Peter O'Toole a dû à peine forcer sur l'eau oxygénée afin de camper le capitaine intrépide, ou encore Gandhi de Richard Attenborough pour lequel un comédien inconnu mais d'origine indienne, Ben Kingsley, fut choisi pour se glisser dans le costume du Mahatma.
Al Capone. Dans un registre plus discutable, on peut rappeler que Yul Brynner, en dépit de ses origines d'Europe centrale, campait un Ramsès très convenable dans les Dix commandements face à un Charlton Heston que l'éducation dans une famille conservatrice de l'Illinois n'avait guère préparé à devenir le guide du peuple juif. Ne parlons même pas de Boris Karloff à qui des maquilleurs pugnaces avaient étiré les yeux jusqu'au point de rupture à grands renforts de ruban adhésif pour en faire un Docteur Fu Manchu, fourbe à souhait et accessoirement chinois. Les exemples sont légions où les comédiens choisis n'avaient rien à voir avec leur modèle. Certains en ont même fait leur spécialité comme, dans les années 30, Paul Muni, Américain d'origine autrichienne, qui fut entre autres, Louis Pasteur