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Critique

«White Lightnin’» : Les Psychos pairs blancs

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Rednecks. Dans un torrent de décibels, deux légendes du rock trash de Virginie-Occidentale, Jesco White et Hasil Adkins, ne font plus qu’un dans une fiction complètement barrée.
(Haut et Court)
publié le 17 février 2010 à 0h00

Généralement, la vie ne fait pas de cadeau à un plouc né et élevé dans un patelin boueux de Virginie-Occidentale dont l'unique talent est de savoir danser le clogging, un truc bizarre, entre danse de Saint-Guy et numéro de minstrel. Ces gesticulations frénétiques appartiennent au folklore des montagnards des Appalaches qui l'auraient eux-mêmes pompé aux danses traditionnelles cheyennes, tout en y ajoutant des réminiscences de bourrées d'Europe centrale d'où venaient leurs lointains ancêtres. Un machin lancinant et barbare qui semble surtout servir à faire sortir temporairement le diable du corps de celui qui le pratique. Généralement en vain.

Jesco White (Edward Hoog) est un as à ce jeu-là. Avec les vieilles godasses ferrées de son père, lui-même une référence de la discipline, il est même le meilleur de tout le Boone County. Pour le reste, ce n’est pas brillant. Jesco est un croquant aux yeux clairs, tatoué à l’épingle à nourrice et à l’encre bon marché, les neurones frits depuis son enfance qu’il partageait équitablement entre maisons de correction et après-midi dans les vapes à force de sniffer des chiffons imbibés d’essence à briquet. Parvenu miraculeusement à l’âge adulte, Jesco a croisé la route de Jésus, avec lequel il entretient des relations un peu tendues. Tantôt habité par le démon et défoncé à n’importe quoi, tantôt esclave d’une bigoterie hors d’âge, Jesco ne connaît plus d’équilibre et dérive inexorablement vers la folie meurtrière et l’autodes