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Libération
Critique

L’antre chiens et loups

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Bar . «Une nouvelle ère glaciaire» promène sa violence de la Bretagne à la Bulgarie.
publié le 24 février 2010 à 0h00

Cela commence sur du vent, et sur une lumière particulière de fin de saison. L’ennui d’un ranch-bar vide, quelque part en Bretagne près des dunes. Une jeune fille et deux frères, tous un peu à deux à l’heure. Pas grand-chose à (se) raconter. Ils n’ont à se dire que ce que se disent les gardiens d’un lieu estival une fois les touristes partis. Ils tiennent les murs, à moins que ça ne soit l’épaisseur de leur propre sentiment de vacuité ou vacance perpétuelle qui ne remplisse la tâche. Quand ce vent de septembre veut bien s’arrêter un peu, on s’apercevra que le plus âgé des deux frères, le plus taiseux, porte un tee-shirt à tête de chien-loup.

Un samedi soir, le taiseux organise dans son ranch un concert d'un groupe de hardcore. Leur slogan est répété comme un motto : «Suce mon nerf optique ! Tu n'as pas d'intériorité ! Je suis mieux que ce que j'ai l'air d'être !» Ce qui revient à dire que l'on a à la fois le film et sa critique - mieux sans doute que ce qu'il a l'air d'être. Plus hanté que l'ennui et la lenteur qu'il distille. Surtout que soudain, une fois ce constat tiré, le film se casse - en deux et ailleurs. En un raccord, en une ellipse, en une disparition inexpliquée, on se retrouve en Europe de l'Est (en Bulgarie, bien que le pays ne soit volontairement jamais nommé), dans un land frontalier.

Des courses de bagnoles. Un bar semblable ou presque. Là aussi, une fille un peu baba, tombée là on ne sait d'où. C'est l'autre face d'un même endroit. Ici aussi,