La caméra a été vissée sur un pied, interdiction pour elle de gigoter dans tous les sens. Pis : il n'y a plus un seul morceau du back catalogue des Stones (à la place, des compositeurs contemporains type Ligeti) ! Shutter Island est un Scorsese un peu à part. Une démonstration postmoderne. Où l'enjeu pour lui serait de dialoguer avec quelques cinéastes de chevet, ses vieux maîtres de toujours : Michael Powell, Emeric Pressburger (les Chaussons rouges,le Narcisse noir, ces chefs-d'œuvre baroques).
Au départ, Shutter Island est l'adaptation d'un bouquin de la machine à tube polar Dennis Lehane (publié ici chez Rivages), et disons-le tout de suite c'est là un film qui a beaucoup de mal avec la façon dont il laisse ses informations s'éventer (jusqu'à abuser des flash-back, vieille béquille). Et c'est aussi pour nous un film impossible à résumer sans quoi on révélerait tout. On se contentera d'en énoncer les pions : une histoire de fou, sur une île asilaire, une partie d'échecs entre des savants diaboliques, des anciens nazis et des flics dérangés qui sont aussi des vétérans de la Seconde Guerre mondiale, anciens du contingent qui a découvert les camps de concentration avec ses monceaux de cadavres et ses survivants faméliques.
Courant nazi. Le film se débat avec les codes du polar (l'atmosphère est celle du début des années 50) et, en dessous, des visions, du trauma empilé, un horrible sentiment de culpabilité. Il traîn