Lundi, c'était soirée fantômes au Jeu de Paume à Paris. Etait projeté - pour la première fois et a priori la dernière, car aucune exploitation n'est prévue - un singulier document baptisé Souvenirs d'une année à Marienbad. Soit quarante-cinq minutes de film en 8 mm captées par l'une des actrices de l'Année dernière à Marienbad, Françoise Spira, en marge du tournage du chef-d'œuvre d'Alain Resnais. A ces images muettes a été ajouté un commentaire de Volker Schlöndorff, second assistant sur le film. Une sorte de making-of, donc.
Si vous ne tenez pas Marienbad pour l'un des plus beaux films jamais réalisés, il est inutile de lire ce qui suit. Sinon, sachez que le tournage, en 1960 près de Munich pour l'essentiel, ne semble pas avoir été une partie de plaisir. D'abord, il faisait froid. Les images de Françoise Spira font découvrir l'envers de ces travellings kilométriques le long de ces «couloirs aux plafonds moulurés», seuls éléments dynamiques d'un film dont les personnages semblent prisonniers du temps. Revoilà Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi et Sacha Pitoëff, saisis entre deux prises, attendant, ne cessant d'attendre, le bon vouloir du soleil ou du chef opérateur Sacha Vierny, tout à sa géométrie acrobatique. On touche du doigt la difficulté qu'ont eue les acteurs à incarner des personnages que le Ciné-roman d'Alain Robbe-Grillet (qui a fourni à Resnais un quasi-découpage technique) n'avait définis qu