Dans la suite numéro 305 au troisième étage d’un palace parisien, après l’avoir attendue une heure et quart, mangé quelques mignardises et bu trois cafés, Vanessa Paradis nous a accordé trente- deux minutes et cinquante-deux secondes de son temps. Et encore, on a tiré sur la corde.
Elle repartait le lendemain aux États-Unis, bohémienne chic en transit s’acquittant, avec un sérieux de gamine au front légèrement froncé, de la promotion de l’Arnacœur, sa nouvelle comédie romantique au côté de Romain Duris. L’histoire est classique, du dédain jusqu’au flirt et l’emballement, qui permet à ces deux « jeunes » acteurs, ces stars en puissance, de montrer leurs crocs, leur talent et leur envie de beaux rôles.
La mécanique promotionnelle est à l’aune de l’opulence solaire de Monte-Carlo, où se déroule le film. Devant l’ascenseur du palace parisien, une pancarte indique le numéro de la suite réservée. Boissons chaudes et froides (pas d’alcool, quand même), petites douceurs, canapés profonds. Les journalistes relisent leurs questions en silence, les attachées de presse cancanent. Depuis le matin, les retards s’accumulent. On doit passer en dernier.
Enfin l’on entre dans l’antre impersonnel de Vanessa P.; moquette beige, murs beige, elle en noir, saharienne à manches courtes, leggings sombres, boots couleur prune. Et cette voix de rocaille moussue, entre Piaf et Bardot. Voilà des heures qu’elle offre, se dit-on, des sourires et des réponses mécaniques à tant de questions mécaniques qui se