On l'avait laissé à demi-fou, cinéaste en proie au doute, perdu dans ses contradictions, bon pour la camisole de force avec deux films aux accents autobiographiques (Takeshis' et Glory to the Filmmaker !) comme signe d'une schizophrénie galopante, dévorante : entre Takeshi Kitano l'artiste (cinéaste, peintre) et Beat Takeshi, «Talento» (célébrité de la télévision, sorte de Michel Leeb remixé marquis de Sade), plus rien n'allait. Les films, à la façon de torchons, brûlaient. «Je sais que je suis un marionnettiste qui manipule deux marionnettes. Je sais que je ne suis ni l'une ni l'autre.» Mais il a quand même eu chaud, les films, apeurés, montraient que le gouffre était proche.
Allégorie.Achille et la Tortue, qui sort aujourd'hui, est différent. Certes, le film est annoncé comme le troisième chapitre de cette réflexion semi-autobiographique, mais la comparaison est injuste : l'ambition est plus large, l'inspiration retrouvée. Certes, on peut comprendre que la peinture est ici allégorie de tous les arts. Mais le film tient mieux sur ses pattes. Là où les deux précédents n'avaient que la folie et l'autoflagellation à montrer, celui-là est compliqué, multiple. On ne sait jamais vraiment sur quel pied danser. Réflexion métaphysique sur l'artiste et sa vanité ? Happening violent ? Exercice masochiste et sadique ?
«J'ai sous-titré le film : "Une histoire cruelle de l'art".» La formule, pour être bonne, embrasse à la fois l