L'Arbre et la Forêt est le grand jour de Guy Marchand. Arrivé par le jazz, la légion et la chanson, un peu à sketch (la Passionata, qui dispensa un flamenco de fantaisie aux foyers yéyé 1965 ; suivi de succès d'estime divers, tel Moi je suis tango), Guy Marchand le crooner a perdu ses cheveux de toréador en gagnant ses galons à l'écran. De figuration en seconds rôles, on ne l'attendait plus trop en vedette ; l'y voilà, avec le rôle-titre auguste de l'Arbre et la Forêt.
Sous ce titre indistinct se cache un bon petit film dans un genre où le cinéma français, par exception, peut exceller : le tableau de famille. Dans ce énième Festen, soft, prétexté comme de juste par un deuil (on ne saura pas comment Charles est mort, quitte à apprendre pourquoi son père manquait à l'enterrement), Guy Marchand est non pas l'arbre qui cache la forêt, mais que cache la forêt. Tout le film tient au personnage, en rhizome, ramure. Toute la famille - ce sac de nœuds de névroses moisies, comme toutes - tient à lui et de lui, reposant sur cet homme étrange qui écoute Wagner en fanfare et un tilleul tutélaire en silence. C'est lui la poutre paradoxale du clan, imputrescible mais délicate, attaquée, secrète. Le secret de famille en soi (le mystère des origines, la bête à deux dos), qui alimente végétativement l'histoire familiale en la rongeant. Le film, qui se nourrit lui-même du mystère Frédéric (Marchand), littéralement homme des bois.
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