C'est une histoire de cadre. Où poser la caméra pour laisser venir la vie, comment reconstruire un lien social ou, pour reprendre les termes d'un infirmier psychiatrique, «aider les gens à être à nouveau désirants».
Valvert, à Marseille, est en partie un hôpital psychiatrique ouvert, libre, de ceux fondés dans les années 70 en repoussoir aux vieux asiles concentrationnaires et où infirmiers, secrétaires, femmes de ménage sont impliqués dans la relation thérapeutique - avec l'aide d'un arsenal médicamenteux sophistiqué. Ce sont les soignants de Valvert qui ont commandé ce documentaire à la plasticienne Valérie Mréjen. Il s'agissait d'interviewer les infirmiers et psychiatres qui, inquiets de la relève, voulaient utiliser le film comme «un outil pédagogique à l'attention des jeunes générations d'infirmiers diplômés d'Etat, qui ne reçoivent plus aujourd'hui de formation spécifique et arrivent souvent en psychiatrie sans avoir été préparés». Mais, au long des entretiens, c'est plutôt la «période de fermeture» idéologique actuelle qui se trouve accusée, et la menace de voir les hôpitaux psychiatriques soumis «au rendement» avec «turnover de malades».
On voit les patients, aussi, apparaissant au gré du hasard dans le champ. Celui qui répète tout trois fois, celui qui romance à tout va, celle qui déclare «je fais de la psychose, je m'invente des choses qui n'existent pas», celle qu'on aperçoit, muette, habillée comme une vieille p