Ce n'est pas la première fois que l'on découvre un artiste derrière un cinéaste. Témoins, pour ne parler que d'un des plus prestigieux ciné-compatriotes de Takeshi Kitano, les dessins et peintures d'Akira Kurosawa. Mais, pour Kurosawa, les peintures n'étaient qu'une esquisse, propédeutique aux images du cinéma, plus proche d'un story-board que d'une œuvre à part. Certes, quelques tableaux de Kitano apparaissent dans certains de ses films, (notamment Hana-Bi, en 1997) et le dernier d'entre eux (lire ci-contre) raconte la vie d'un peintre raté. Mais ces citations n'ont qu'un rapport alambiqué avec le reste de son cinéma. Or, ça tombe à pic car tout rapport chez Kitano est alambiqué. Surtout quand il parle du cinéma : «Je rêve de monter un film en tirant les scènes au sort. Ce serait un montage fantastique, sans queue ni tête, renversant, vraiment étourdissant.»
La manière dont Kitano a agencé son exposition à la Fondation Cartier relève de cette logique du désordre, entre jeu d’enfant, foutoir zoulou et bazar aux vanités.
Eléphant canon. Une statue figurant Kitano grandeur nature nous accueille. Quelque chose du Bonjour monsieur Courbet de Gustave Courbet. Sauf qu'ici le chapeau bas est la calotte de son crâne décapsulé, où palpite son cerveau, toujours relié à la moelle épinière par un réseau de nerfs aux allures de câbles électroniques. Comme si une tempête, une terrible migraine, avait arraché son crâne. Donc, bonjour M. Kitano.
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