Comment questionner le film de Rose Bosch, la Rafle ? Jour après jour et de toutes les façons imaginables - télévision, panneaux publicitaires, déclarations de la réalisatrice, de spectacteurs, site internet… - un concert pratiquement unanime a célébré l'exactitude historique du film et ses hautes vertus pédagogiques [à l'exception de Libération, lire numéro du 10 mars, ndlr]. D'emblée, le film a été présenté comme un document, destiné principalement aux enfants à qui il serait difficile d'enseigner l'histoire quand manquent les images. Un court livret pédagogique commandé à une société privée spécialisée consultable sur Internet est destiné à aider les enseignants dans cette tâche.
Le film a voulu tout dire. Ce n’est pas un film donnant le point de vue des enfants, mais un film donnant tous les points de vue, voulant tout dire, tout expliquer dans une position surplombante qui est celle du savoir d’aujourd’hui et qui promène le spectateur au nid d’aigle de Hitler (avec une petite incursion à Birkenau où des corps brûlent dans les flammes), l’installe dans le bureau où Pétain converse avec Laval ou dans celui où les responsables français, Bousquet et Legay, négocient avec les nazis, l’introduit dans la préfecture de police. Et qui, sciemment, colle à l’histoire, ou prend des libertés avec cette dernière.
La première partie, dans sa description des mécanismes conduisant à la rafle (les négociations entre Vichy et l’occupant, le fichage des Juifs et son utilisa