Dans la Buena vida, il y a Eduardo Paxeco. Il s'appelle Mario et traverse le film en idiot lunatique, sa clarinette à la main (on n'est pas sûr de devoir y lire une référence phallique, quoiqu'il finisse par la perdre), à peu près au même pas et avec le même air dont il avait traversé le mois dernier une autre heureuse comédie chilienne, Ilusiones Opticas de Cristián Jiménez.
On en déduit hâtivement que ce garçon représente un certain idéal d'antihéros, qui a du mal avec les filles, les préfère en images plutôt qu'en chair, et à distance si possible (derrière des caméras dans Ilusiones, en photo souvenir à Berlin dans ce film). C'est aussi un corps, dégingandé et beau, fragile et exposé, entre incarcération sociale (boule tondue parce qu'il ne trouve pas d'autre job que musicien militaire, corset de l'uniforme mal taillé, mises à nu blafardes) et évaporation postindustrielle, déambulant dans l'inhospitalité de la pas si «belle vie».
Choralité. Par un curieux effet géopolitique, tous les personnages vibrent plus proches de l'Europe ou de l'Asie modernes que des Etats-Unis, appellent une fraternité sensorielle qui fait en comparaison paraître tout film américain, fût-il alternatif, radicalement étranger, extraterrestre. C'est peut-être qu'il n'y a, au bout de la Buena Vida, ni désillusion ni promesse, mais la simple possibilité du choix, sans jugement venu d'en haut ou d'ailleurs. Il n'y a pas de punition, pas d'erreur, pas de