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Libération
Critique

Drôle de panne africaine

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Canicule . Guillon, petit Blanc nerveux au cœur du continent noir.
publié le 17 mars 2010 à 0h00

On a vu, ces deux ou trois dernières années, déferler dans le cinéma européen tout une vague de films traitant de l’immigration clandestine. Ceux-ci fonctionnaient souvent en empathie avec ces misérables en provenance d’Afrique ou d’Europe de l’Est blackboulés par un univers néolibéral dont on leur refuse l’accès.

Sisyphe. D'une certaine manière, Le temps de la kermesse est terminé effectue un peu le chemin inverse en plongeant un Occidental sûr de sa suprématie dans un contexte où ses convictions, comme tout droit issues d'un héritage colonialiste, ne pèsent plus lourd. Le lieu est volontairement indéterminé, mais on devine qu'il s'agit d'un hameau situé dans une contrée aride de l'Afrique de l'Ouest (bien que le tournage se soit déroulé en réalité au Maroc). Là croupit depuis quelques jours un Blanc, chef de travaux, en panne de voiture. Faute de pouvoir redémarrer et poursuivre sa route, l'«intrus» en est réduit à donner des ordres à une poignée d'autochtones madrés qui, reconduisant (si on peut dire) le mythe de Sisyphe, poussent et repoussent la guimbarde au sommet d'un monticule. En vain.

Jusqu'au dénouement, prévisible, l'histoire ne dit pas grand-chose de plus, mais la démonstration ne manque pas d'acuité. Passé par le court métrage et le documentaire, Frédéric Chignac a souhaité «dénoncer le déséquilibre Nord-Sud, sans limiter ces rapports à une opposition séculaire entre, d'un côté, les bourreaux et, de l'autre, les victimes».