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Libération
Critique

Fatih Akin, la morale de la table

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FOODINGUE . Dans «Soul Kitchen», le cinéaste allemand bâtit une comédie sur la mutation chic des quartiers populaires de Hambourg. Reportage sur place en compagnie d’Akin et ses acteurs.
(Pyramide Distribution)
publié le 17 mars 2010 à 0h00

Il fait un froid vif, un vent givré à vous scinder en deux. Une fille blonde et une fille brune se blottissent contre un garçon sous l'auvent troué d'une bâtisse imposante, les murs de béton brut recouverts de trois épaisseurs d'affiches de concerts rock ou de mouvements alternatifs et de tags. Le Gängeviertel n'est pas un bâtiment à l'abandon au cœur de la Grosse Bergstrasse, mais le plus grand squat de Hambourg. L'immeuble est calme ce soir. Il se repose avant une soirée de soutien prévue le lendemain contre son expropriation programmée. En juillet, si personne n'arrive à empêcher la procédure en cours, ateliers d'artistes, salles de répétition et de concerts laisseront place à un fringant magasin Ikea. Adam, le garçon, arrache un bout d'affiche pour en découvrir une autre sur laquelle on peut lire en partie l'inscription «Soul Kitchen». C'est le nom du film dans lequel Pheline (la blonde), Anna (la brune) et Adam, trentenaire poupon et jovial, ont joué. Un film sur Hambourg, tourné par moments dans ce squat.

C'est la première comédie de Fatih Akin, qui, à 37 ans, a laissé reposer momentanément sa trilogie en cours sur «l'amour, la mort, le diable» (Head On,De l'autre côté) et les documentaires musicaux qui sont sa respiration (Crossing the Bridge) pour se lancer dans un film qui fait semblant de respecter le genre, demandant à ses acteurs de jouer un ton au-dessus et au récit de se construire sur des rebondissements incessants.