Menu
Libération
Interview

«Une femme habillée en homme pourrait jouer mon rôle»

Article réservé aux abonnés
Séance tenante avec Slavoj ŽiŽek.
publié le 17 mars 2010 à 0h00
Le Slovène Slavoj ŽiŽek est une star de la «pop philosophie». Il fait dialoguer Lacan avec le cinéma dans deux livres récemment parus, l’un surHollywood aux éditions Jacqueline Chambon, l’autre sur Hitchcock chez Capricci.
La première image ?

De manière surprenante, Ivan le terrible d'Eisenstein. Le film m'a touché profondément et continue de me hanter. Sa naïveté théâtrale confine au ridicule mais est infiniment préférable au réalisme psychologique dégoûtant de l'Actors Studio.

Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?

La Colline des potences (The Hanging Tree, 1959) de Delmer Daves, un merveilleux western mélodramatique. Même aujourd'hui, je ne peux pas leur pardonner. Quand on m'a appelé de l'hôpital il y a quatre ans pour me dire que mon père venait de mourir, ma première pensée a été : «C'est bien fait pour lui, pour m'avoir empêché de voir la Colline des potences !»

Une scène fétiche ?

Le meurtre du détective Milton Arbogast dans Psychose. Beaucoup plus terrifiant que la célèbre scène de la douche. Un exercice de clarté cartésienne impliquant une bizarre théologie et un dieu ignare agissant sur le monde de la main gauche : Norman Bates.

Si vous tourniez un remake, lequel ?

Pas un remake mais un scénario, la troisième partie d'Ivan le terrible. Si Eisenstein l'avait tournée, ce serait un film encore plus grand que la version perdue de la Splendeur des Ambersons.

Le film que vous avez le plus vu ?

Psychose, plus de trente fois. C'est le seul qui bat Vertigo pour le titre du meilleur film de tous les temps.

Qui ou qu’est-ce qui vous fait rire ?

Le mauvais goût, politiquement incorrect, les blagues sexistes et racistes. Je les aime, je ne peux leur résister…

Votre vie devient un biopic. Qui dans votre rôle et qui derrière la caméra ?

Une femme habillée en homme pourrait jouer mon rôle. Peut-être Vanessa Redgrave. Il faudrait tourner ça en noir et blanc par un de ces nouveaux cinéas