Le milieu a salué à sa manière l'avant-première de l'Immortel à Marseille, le 17 mars : en vingt-quatre heures, il y a eu deux règlements de comptes dans les environs. Coup de pouce méritoire, mais qui ne sauvera pas le film de sa médiocrité. S'il suffisait d'aligner des scènes de violence pour faire un bon polar, l'Immortel serait un chef-d'œuvre. L'ennui, c'est qu'on s'y ennuie, entre la minceur de l'histoire et la superficialité des personnages. Pis : après deux heures à subir des assauts de brutalité en série, on a presque envie de lui régler son compte. Richard Berry, pour son quatrième long métrage en tant que réalisateur, s'est inspiré du livre éponyme de Franz-Olivier Giesbert, qui a lui-même puisé son imagination dans la vie de Jacky Imbert, dit «Le Mat». L'Immortel ne raconte pas l'histoire de cet ancien voyou. Il démarre avec la tentative d'assassinat à Cassis, en 1977, dont Le Mat est ressorti vivant, mais cabossé. Et prétend nous montrer la rédemption d'un caïd, rebaptisé Charly Matteï, qui en fait sauve son âme et sa peau (déjà bien trouée) en dézinguant ses concurrents pour éviter d'y passer : un peu court, comme dilemme moral.
Entre deux jets d'hémoglobine, Marseille sert de décor, avec ses clichés ressassés : cigales, poubelles, ciel et mer bleus. Ni portrait de la ville ni évocation des voyous, le film espère prospérer sur le mythe du Chicago français. Dans cette production, Luc Besson semble chercher une suite à la série des T