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Libération
Critique

Claire Denis, le café effroi

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Plantation . «White Material», la panique de propriétaires blancs sur fond de guerre civile africaine.
publié le 24 mars 2010 à 0h00

Il s'est passé plus de vingt ans depuis Chocolat, le premier film de Claire Denis, tourné au Cameroun. C'était une double et forte inscription : une petite fille blanche se souvenait de l'Afrique noire et une nouvelle cinéaste plantait sa graine blonde et africaine dans le paysage du cinéma français. L'arbre a poussé. Et Claire Denis n'a pas cessé de cultiver le microclimat africain de son cinéma, même quand elle tournait dans les Pyrénées, à Marseille ou à Paris. On pourrait dire que, de tous les cinéastes français, elle est celle qui depuis vingt ans nous a le plus africanisés, nous familiarisant toujours plus avec ce morceau du monde, ses hommes et femmes, ses peaux et voix.

Repères. Avec White Material, l'ellipse insaisissable du temps semble faire une boucle sous nos yeux. Tourné lui aussi au Cameroun, il est comme un prolongement et une antithèse de Chocolat. Prolongement parce qu'il renvoie à des maux ou des tragédies qui n'ont pas varié. Antithèse parce que là où Chocolat était situé avec précision dans l'espace et dans le temps, White Material se garde bien de nous fournir de tels éléments.

On pourrait s'en tenir au synopsis tel que le livre, laconique, une note de presse : «Quelque part en Afrique, dans une région en proie à la guerre civile, Maria refuse d'abandonner sa plantation de café avant la fin de la récolte, malgré la menace qui pèse sur elle et les siens.» Nous n'avons pas comme