Menu
Libération
Interview

«Pour moi, Alice est un garçon !»

Article réservé aux abonnés
Tim Burton . le réalisateur américain :
publié le 24 mars 2010 à 0h00

On l'imaginait fantasque, Robert Smith made in USA, donc lunaire, donc mutique, un peu croque-mitaine. On avait toujours imaginé le rencontrer par une nuit de brume, dans une ruelle expressionniste digne du Docteur Caligari. Mardi dernier, il faisait grand beau à Paris, et le Tim Burton qui nous reçoit est un homme qui parle à toute vitesse, une sorte de Marty Scorsese new wave monté sur ressort. Son sourire est celui d'un enfant face à un immense train électrique. Que l'on surprend au Ritz, les yeux rivés à la fenêtre, en pleine contemplation printanière : «Par un soleil pareil, c'est indigne d'avoir à rester là, les rideaux tirés…»

Justement, après Sweeney Todd, qui était un film très noir, très féroce, on peut être surpris par le caractère particulièrement coloré de votre version d’Alice…

J'ai vu tellement de versions et croisé tellement de lectures différentes d'Alice, des choses dingues qui allaient de la grille psychanalytique à la comédie musicale porno, que très vite je n'ai pas voulu laisser aller mes penchants trop noirs. Je ne crois pas pour autant avoir donné une version purement enchantée d'Alice. C'est encore autre chose, et ce n'est pas un élément purement enfantin. C'est l'adolescence, et elle m'intéresse sans doute plus comme sujet que l'enfance. C'est pourquoi on a changé la structure pour aller plus loin dans ce que je voulais tirer des personnages, sans qu'il soit non plus question de trahir l'esprit du livre.

Ce film signe votre retour chez Disney, maison où vous avez fait vos premières armes en tant qu’animateur. On peut y voir une forme d’édulcoration de votre