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Critique

Education sentimentale

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Cinéma. Sorti fin février et écrit par Nick Hornby, le film conte les premières amours transgressives d’une jeune fille.
par Patrick MODIANO
publié le 25 mars 2010 à 0h00

Dans la banlieue de Londres, une fille de 16 ans de famille modeste poursuit de bonnes études et espère réussir un concours pour entrer à Oxford. Un jour, elle attend un bus, sous la pluie, et un homme qui passait en voiture lui propose de monter. Il est plus âgé qu’elle, et l’on s’apercevra très vite que c’est un «type louche», selon l’expression courante. Ils se reverront, et elle fera avec lui son éducation sentimentale. Le film est signé d’une Danoise, Lone Scherfig. La fille est interprétée par une actrice de 25 ans, Carey Mulligan, dont on peut dire dès à présent qu’elle ira loin.

Pourquoi ce film m’a-t-il fait une impression si forte ? Pourquoi, à la sortie du cinéma, étais-je si absorbé, au point de manquer me faire écraser en traversant la rue de Rennes par une voiture qui me semblait être la Bristol couleur bordeaux que conduisait David, ce type louche avec qui l’héroïne connaît sa première histoire d’amour ?

Le scénario avait été écrit par le romancier Nick Hornby, d'après le récit autobiographique de la journaliste Lynn Barber. Voilà qui expliquait la justesse et la subtilité du film. Mais de manière plus intime, Une éducation me reliait par un cordon Bickford à ma propre adolescence. La fille avait exactement mon âge. J'avais vécu des situations semblables à celles que cette Jenny traverse, j'étais monté au même âge qu'elle, en aussi étrange compagnie, dans des voitures qui portaient sur leur vitre une vignette où il était écrit : «Mars 1962».

Une éduc