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Libération
Critique

à mon humble Moldavie…

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Sans-papiers . Anne Le Ny raconte une famille bourgeoise secouée à grands coups de Tatiana.
publié le 31 mars 2010 à 0h00

Il y a deux sujets dans les Invités de mon père, ce dont rend compte le titre. Sur la ligne horizontale et géopolitique des «invités», une sans-papiers moldave (et sa fille) vient à Paris se marier avec un vieux militant de gauche (Michel Aumont), ancien médecin désireux de l'aider et, éventuellement, de la sauter. Sur la verticale, le rapport à «mon père» et la façon dont ses deux enfants (Karin Viard et Fabrice Luchini) vivent la jouvence affective de leur géniteur octogénaire. En rabattant l'axe vertical sur l'horizontal, on éprouve une résistance à ressort (comique), et l'on obtient un nouveau partage des places de chacun (tragédie).

Fabrice Luchini incarne le fils répudié et révolté, Arnaud, avocat d'affaires dont la réussite, dixit Anne Le Ny, «est méprisée ou, au mieux, peu reconnue par son clan». A l'autre extrémité des abscisses, Karin Viard est Babette, la copycat du père, médecin comme lui et qui, suivant son exemple, s'émancipera en commettant le sexe en dehors des clous.

La satire s’attaque d’abord aux préjugés. Si la famille soutient les vues progressistes du vieil homme, tous préféreraient évidemment que les «invités» clandestins qu’il leur a annoncés ne soient ni trop basanés ni trop pauvres, et sans le bruit ni l’odeur. Avant qu’on ne découvre que l’action humanitaire du vieil homme se focalise essentiellement sur les blondes à forte poitrine. Puis on verra que la blanche Tatiana n’est pas la colombe qu’on croit, ma