Menu
Libération
Critique

Gilles Jacob, le suc de Cannes

Article réservé aux abonnés
Image . Quand le président du festival, photographe amateur, joue l’indiscret en coulisses.
publié le 31 mars 2010 à 0h00

La poule moyenne qui n’a jamais fichu les pieds sur la Croisette s’attend, en ouvrant ce recueil de photos prises par Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes, à un déluge d’or et de paillettes. D’autant que la quatrième de couve déroule un générique prestigieux, d’Adjani à Wenders en passant par Desplechin ou Kitano. Mais c’est un cure-dent que nous offre Jacob, qu’on découvre en Ange du Bizarre.

Pigeons. Il y a certes des photos attendues ou presque, dans lesquelles Deneuve, Tarantino ou Sharon Stone tendent vers nous leurs bras, ou leurs dents, amicaux. Mais quelques collègues remarquent sur notre épaule que seul Jacob peut publier de tels clichés (Madonna ayant l'air d'avoir vraiment 50 ans, Sean Penn tout crevassé, Huppert sans Photoshop) sans passer par les fourches caudines des agents ou filer direct en taule. Mais, passé le tapis rouge, Livre d'or est plutôt composé de têtes de pigeons troubles, de vaches, de ponts, de poubelles et d'autoportraits transparents (reflets dans une vitrine, ombre dans une piscine). Comme on ne peut guère soupçonner Jacob d'avoir assemblé au hasard ces images, on se dit que l'homme a facétieusement shooté le hors-champ du festival afin d'en crépusculer les idoles. Ainsi ces photos de chaises vides marquées «réservé» ou du buffet matinal d'un palace avec huit tranches de cake étiques sous un panneau : «Prière de ne rien poser sur ce meuble. Merci de votre compréhension.»

Un parcours semble