Ça ne commence pas très bien, avec Ignacio Ramonet, l'ancien directeur du Monde diplomatique, qui, d'emblée, remonte aux totalitarismes des années 30 pour un parallèle en trompe-l'œil. «Là où il y avait un parti unique, maintenant il y a une pensée unique, […] une solution unique, la solution qu'apporte le marché, pour la totalité des activités de notre société […]. C'est pourquoi on peut parler d'un régime globalitaire.» La ligne est fixée : comme dans la Question humaine, de Nicolas Klotz, il va s'agir ici de montrer que le néolibéralisme n'est qu'un remake du nazisme ou du stalinisme. Comme si, pour le comprendre et le combattre, il fallait absolument établir une généalogie diabolique. Depuis le temps que partisans et adversaires utilisent l'argument de la reductio at hitlerum, on aurait pu attendre un peu de retenue… Bref, on craint le pire - et on n'y échappe qu'en partie.
Atonale.L'Encerclement est un brûlot «antilibéral», genre en pleine expansion mais qui, pour le moment, n'a pas su se libérer d'une rhétorique de l'indignation digne de la «pensée unique» qu'il prétend dénoncer : manichéisme, catastrophisme, sensationnalisme (voir le Cauchemar de Darwin). Les docus «alters» ont en commun avec le journal de 20 heures de croire son spectateur incapable de penser par lui-même. Il faut donc mettre au crédit de Richard Brouillette, producteur et réalisateur canadien, son refus des effets faciles. Images