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Libération
Critique

Perfusion : reporter

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Trauma . «Lignes de front», fiction de Jean-Christophe Klotz sur le Rwanda.
publié le 31 mars 2010 à 0h00

Les journalistes sont rarement ceux qui parlent le mieux de leur métier. C'est même souvent le contraire. Pensez à Profession Reporter ! Antonioni, qui n'a rien à voir avec le métier, avait tout compris, à savoir que le vertige du journaliste c'est le vide plus que le trop-plein, l'ennui plus que le tumulte. Lignes de front, de Jean-Christophe Klotz, suit les traces d'Antoine Rives, reporter ténébreux et concerné d'une chaîne de télévision française. La guerre vient d'éclater au Rwanda et Rives, à l'image de Klotz qui officiait comme journaliste reporter d'images à l'agence Capa il y a seize ans, décide d'aller y voir de plus près, pour «témoigner» et réveiller les consciences. Afin d'incarner le drame, le journaliste décide de suivre un Rwandais, un hutu rentré de France pour retrouver la trace de sa fiancée tutsie disparue. Désorienté, Antoine Rives découvre peu à peu qu'il n'a pas affaire à une guerre, mais à un génocide. Face à l'horreur, il perd pied.

De retour à Paris, le reporter n'a de cesse de retourner au Rwanda. Emotionnellement, il est resté là-bas, mais est incapable de s'avouer que c'est le Mal plus que les victimes qui l'appelle. Au climax du film, dans une scène qui se veut inspirée d'Apocalypse Now, le reporter pénètre dans le cœur des ténèbres, le repaire des miliciens Interahamwe. Il s'en échappe de manière rocambolesque, et c'est là que le film se dérobe, hésitant à s'aventurer sur les terres de la folie.

Lignes de front