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Libération
Critique

«Tête de turc», Pascal Elbé label série B

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Engrenage . Ethnopolar tendu sur fond de banlieue en crise. Un anti-«la Haine» avec un Zem parfait.
par BAYON
publié le 31 mars 2010 à 0h00

Tête de Turc est une tragédie antique arménienne en milieu zonard franchouille : unité d'action, de banlieue, de temps, la mise en place sérieuse introduit sans tortiller les pièces de la machinerie. Dont le déclic claque d'emblée, enflammant les passions. Ce nœud du drame serré, en pacte infernal entre un médecin de quartier sensible et un jeune homme idem, tête de Turc contre bouc émissaire, toute la suite en engrenage tient à cette maldonne fatale.

Mécanique. Aux acteurs aussi. A commencer par Roschdy Zem (flic) et Samir Makhlouf («jeune»), pour finir par la vibrante Ronit Elkabetz (mère), gifleuse tragédienne familière, le minot même (Moussa Maaskri), le flirt exquis (Leo Elbe - fille de ?), sans oublier Pascal Elbé - faisant à peine son chien battu rituel, mais essentiellement au profit de sa casquette neuve de cinéaste-scénariste, maître d'œuvre du projet, ethnopolar ambitieux et simple à la fois.

Servie par son casting, la mécanique tourne bien, emballée ; le tournage déplaçant les points de vue pour plus de recul, de champ social, en «Portrait de l'artiste» incendiaire, «avec groupe» urbain invivable d'époque - sans dérapages idéologiques ni pittoresque verlan. Les flics ne se conduisent pas mal. Ni les gens. A cet égard, Tête de Turc serait un anti-la Haine.

La racaille même, cette garde rouge d'une révolution culturelle nihiliste souterraine, a ici ses nuances, ses forums, esquissés autour des conséquences