Dans les couloirs du Quai d'Orsay, on l'admet : c'est une «tuile diplomatique» dont la France ne sait comment se dépêtrer. Au cœur de la polémique, un film sélectionné pour les Rencontres de l'image, festival de courts métrages organisé la semaine prochaine par le centre culturel français du Caire. Presque normal narre l'histoire d'un garçon à la veille de son douzième anniversaire. Présenté par la Fémis, l'école nationale française des métiers du cinéma, il a été réalisé par une de ses étudiantes, Keren Ben Rafael. Problème : elle est israélienne. Quand Ahmed Atef, un des membres du jury, l'apprend, il démissionne, et le fait bruyamment savoir dans la presse nationale : comme tous les artistes égyptiens, ce réalisateur et critique de cinéma refuse toute normalisation culturelle avec Israël. Une politique officielle, dictée par tous les syndicats professionnels : l'idée d'entretenir la moindre relation avec Israël est considérée comme une ignominie et ceux qui s'y risquent sont livrés à la vindicte.
«Paix globale». Au plan culturel, les artistes israéliens et leurs œuvres, quel que soit le contenu, sont donc non grata en Egypte. Car trente ans après les accords de Camp David, les Egyptiens ne se remettent toujours pas d'avoir été les premiers à signer la paix avec Israël. Un geste qui a valu à l'Egypte, jusqu'alors considérée comme le phare de l'arabité, d'être mise au ban du monde arabe.
Humiliés, les Egyptiens se drapent depuis dans leur re