Enfin un film israélien qui ne parle pas du conflit ! Ou plutôt qui montre d'autres conflits. Entre Bédouins et citadins, entre riches et pauvres, parents et enfants, employeurs et employés, chrétiens et musulmans, policiers et dealers, policiers et militaires, Palestiniens d'Israël et des Territoires, accessoirement Arabes et Juifs. Il se trouve qu'il y a des Arabes (beaucoup) et des Juifs (peu), mais ce n'est pas le sujet principal d'Ajami, et c'est tant mieux car le cinéma ne peut être indéfiniment un substitut à la politique ou à l'absence de perspectives de paix. Surfant sur son succès - surtout en Europe et surtout en festivals -, le cinéma israélien avait fini, ces derniers temps, par oublier qu'on fait des films avant tout pour raconter de bonnes histoires d'amour ou de gangsters.
C'est armé de cette boussole que débute Ajami, premier film de Scandar Copti et de Yaron Shani. Ajami, c'est d'abord le nom du quartier le plus pauvre et mal famé de Jaffa, le seul à compter encore une majorité de Palestiniens (lire ci-dessous). La police n'y met quasiment pas les pieds, préférant laisser les habitants régler leurs comptes entre eux. Omar, pour payer la dette de sang de son oncle envers un clan mafieux bédouin, se retrouve partie d'un trafic de drogue, tout comme Malek, qui a besoin d'argent pour payer l'opération de sa mère malade. Les deux garçons travaillent chez Abou Elias, patron de restaurant chrétien dont la fille, Anan, affole Omar. Leur collègue Bi