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Libération

«Rien n’est exagéré, ici le plus fort gagne»

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Clans . Rencontre avec les comédiens amateurs de ce quartier sous haute tension.
publié le 7 avril 2010 à 0h00

Quatre flics mastodontes s’empiffrent de sandwichs, entassés dans un pick-up, garé sur le trottoir défoncé d’un des axes qui bordent Ajami. Il est 20 heures. L’animation nocturne commence dans ce quartier de Jaffa, au sud de Tel-Aviv, peuplé majoritairement d’Arabes israéliens. L’ensemble des ruelles, qui descendent doucement vers la mer, est connu pour sa pauvreté, sa criminalité endémique et ses règlements de comptes mafieux. Des groupes de jeunes sont attablés à la terrasse d’un fast-food de falafels. A intervalles réguliers, on entend les crissements de pneus des 4x4 et les pétarades des mobylettes qui tournent en boucle sur la place, éclairée par les enseignes lumineuses criardes des échoppes ouvertes jusque tard dans la nuit. Dans ce quartier, considéré par la police comme un des plus dangereux de l’agglomération de Tel-Aviv, et comme dans le film du même nom, les querelles entre familles se règlent dans le sang, et des ados bien intentionnés se retrouvent mêlés malgré eux au monde de la pègre locale.

Chaotique.Ajami, troisième film israélien à être consécutivement nominé dans la catégorie du meilleur film étranger aux oscars (après Beaufort en 2008 et Valse avec Bachir en 2009), présente en chapitres, et sans ordre chronologique, des histoires apparemment décentrées, qui finissent par se rejoindre grâce à un savant tricotage de récits. Des histoires de vies, souvent très proches de celles des acteurs du film, la plupart amate