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Libération
Critique

Le terreau menacé de Coline Serreau

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docu . La réalisatrice s’alarme d’une crise alimentaire. Apocalyptique.
publié le 8 avril 2010 à 0h00

En 1975, Coline Serreau entrait au pays du cinéma avec un documentaire féministe, Mais qu'est-ce qu'elles veulent ? Après d'énormes succès (Trois Hommes et un Couffin), de sévères gamelles (la Belle verte) et au terme d'une filmo qui allait en se ramollissant, la voici qui revient avec un documentaire incendiaire et galvanisant consacré à ce qui devrait être notre premier souci d'humain : l'état catastrophique de l'agriculture, et donc de l'alimentation, mondiales.

Il y a quelques semaines, un premier film signé Dominique Marchais, le Temps des grâces, prenait à bras-le-corps le même problème en se concentrant sur sa dimension française. Solutions locales pour un désordre global, comme son titre l'indique, embrasse la question à son échelle planétaire.

En Inde, au Brésil, en Ukraine et en France, Serreau fait parler quelques spécialistes qui convergent tous et sans se concerter vers un même constat apocalyptique. Nous mangeons des plantes et des animaux malades, élevés chimiquement sur des terres stériles, et cette nourriture dégénérée menace elle-même de manquer. Les famines qui ravagent déjà le monde ne sont que l’avant-garde sinistre des désordres et conflits à venir.

Jamais son militantisme actif revendiqué ne vient troubler la clarté pédagogique du film. Et les démonstrations qu’il inflige sont d’autant plus implacables qu’elles entrent en résonance avec ce que nous savons trop bien sans vouloir le regarder. Si