Dans son journal intime de 1962, et alors qu'il était en train de travailler à son roman Cosmos, Witold Gombrowicz se demandait : «Qu'est-ce qu'un roman policier ? Un essai d'organiser le chaos.»Domaine, qui n'est jamais que le premier long métrage de Patric Chiha, mais qui vient après quelques moyens métrages parmi les plus beaux faits en France (Casa Ugalde, Home), n'est pas un roman policier. Encore que chacun de ses plans porte un mystère. Les rapports que se jouent entre Nadia, mathématicienne, et son neveu de 17 ans, le jeune Pierre, s'ils devaient être soumis à une enquête, laisseraient le Navarro de service dans l'expectative : à quoi jouent ces deux-là qui n'ont pas l'âge de jouer ensemble ?
La femme est belle, dangereuse même, mais le garçon est trop raffiné, sinon clairement PD en herbe, pour que la piste de la relation incestueuse soit la bonne. Ou, si elle existe, ce n’est pas de façon classique. S’il y avait, admettons, amour, ce serait un amour fou, dévoué. La prof et son élève ? La maîtresse et son soumis ? Une éducation sadienne ? C’est vrai que Pierre redouble d’émotion chaque fois que Nadia se montre sévère. Ses cheveux attachés, sa veste cintrée lui donnent des airs d’écuyère qui aurait perdu monture depuis pas mal de temps. Et qui, pour des raisons qu’on ne voit pas bien, aurait quand même conservé la cravache. Mais ça, finalement, aucun plan du film ne le dit clairement. Aucun ne vient le contredire non plus.
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