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Libération
Critique

Silence dans l’Iran !

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Clandestin . Filmé à l’arraché, «Téhéran» préfère le polar azimuté au docu à charge.
(Haut et Court)
publié le 14 avril 2010 à 0h00

Les films tournés dans la clandestinité possèdent généralement une énergie qui n'appartient qu'à eux. A travers leurs qualités mais aussi, et surtout, leurs imperfections, ils exhalent une sensation d'urgence, de danger presque, que l'on devine confusément hors champ. Téhéran, bien que tourné à l'arrache dans la capitale iranienne, possède cette incomparable tension, même s'il n'appartient pas complètement à cette catégorie. Car ce film noir, bâti comme un polar à tiroirs, ne se définit pas comme un document exclusif et réalisé sous le manteau sur la situation sociale et politique de l'Iran d'aujourd'hui.

«Tentaculaire».«J'avoue en avoir un peu marre du poids qui incombe aux cinéastes, iraniens mais pas seulement, dont les films sont souvent réduits à la qualité de témoins pour l'Occident. Nous sommes souvent jugés pour cela, mais rarement pour la qualité de nos films», sourit Nader T. Homayoun, ancien de la Fémis, qui revendique la vertu documentaire de son film mais refuse qu'il y soit emprisonné. «Je suis né à Paris et suis parti en Iran à 10 ans avec mes parents. Mon père a été condamné à mort après la révolution, avant d'être gracié au bout de quatre ans de prison, et j'ai vécu à Téhéran pendant la guerre avec l'Irak. Ce qui m'intéressait, ce n'était pas cette histoire mais bien de filmer cette ville tentaculaire qui grandit chaque jour un peu plus, ce battement de cœur particulier dont chaque détail, chaque rue, chaque passant raco