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Libération
Critique

«Mammuth», fiche-lui la paie

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Depardieu retraité recherche ses employeurs dans une comédie aussi désespérée que joliment miteuse. Groland et gros casting.
publié le 22 avril 2010 à 0h00

Tout nouveau retraité, Gérard Depardieu se fait trancher du jambon au supermarché. Lui-même ayant été dans la filière, il s'intéresse au boulot de l'employé, lequel voit surtout que son job est payé au Smic. Très vite, les dialogues manifestent qu'ils sont dans deux mondes parallèles et ils en viennent à s'insulter pendant que la caméra - c'est filmé en 8 mm - suit les deux hommes qui parallèlement se déplacent tout au long du rayon en répétant, sans doute faute de vocabulaire, chacun la même insulte. L'ellipse n'est pas toujours la qualité prédominante de Mammuth, mais cette scène montre à sa manière l'isolement du personnage qu'interprète Gérard Depardieu et qui doit son surnom à sa vieille moto. Il vit pourtant avec Yolande Moreau, caissière au même supermarché où se déroule le drame du tranchage. Quand on lui explique une finesse bureaucratique pour atteindre le «taux plein» de sa retraite alors qu'il est seul, il regrette : «Dommage que ma femme ne soit pas là pour comprendre.» Une scène du tout début, où un petit pot sinistre et drôle, saboté par une bande-son imaginative, était organisé pour son départ, a déjà manifesté sa difficulté à tisser le moindre lien avec des collègues de dix ans.

Porte-bagages.Mammuth est le quatrième film en tant que coréalisateurs de Benoît Delépine et Gustave Kervern (après Aaltra, Avida et Louise-Michel), deux piliers de Groland (et l'auteur phare des