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Libération
Critique

Trio dans le désordre

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Marivaudage. Doillon se fait un auteur, son ex et sa secrétaire. Un «Mariage à trois» adroit.
publié le 22 avril 2010 à 0h00

Le 28e Doillon s'ouvre sur un rêve érotique. Est-ce vraiment un rêve ? Oui, sinon, il n'y a aucune raison que cette fille blonde (c'est Julie Depardieu, péché mignon du film, son épice), qui a passé la nuit dans le lit de ce dramaturge misanthrope (Pascal Greggory, cassant et doux) descende au petit matin d'une voiture qui vient de faire une longue route depuis Paris. C'est bien au fantasme de cette femme qu'il adressait sa requête : «Il faut que tu libères cette maison de ta présence.» Mais la belle présence insiste. Elle sait que bientôt les mots vont vouloir la retenir, faire les comptes (on est après la séparation). Elle sait aussi que Doillon, cinéaste, ne fait aucune différence entre filmer un fantasme et filmer le réel. Si elle est à la fois bien présente et rêvée, elle va pouvoir tout faire, tout dire, et jouer un petit moment de cette langue qui balance les choses toutes crues. «Quand tu me repousses, ce que tu as de plus précieux en toi tu le chasses.» On en mangerait.

Monstres. C'est la seconde fois en cinq ans que Jacques Doillon travaille avec Pascal Greggory, bon alter ego potentiel. Et une fois encore, cinq ans après Raja, il oublie de le filmer comme un acteur : Greggory a l'air d'avoir toujours été là, d'être cet homme replié dans sa maison, située hors du bruit du monde. Il est à l'image comme un personnage de fiel revenu de chez Bergman. On a le sentiment que tout le dérange. Les acteurs surtout, et ses