Il fait nuit. Un jeune homme se maquille. Mais ce n’est pas vraiment pour se préparer à une soirée Zaza Napoli. Il est soldat dans l’armée portugaise, et ce maquillage est un camouflage pour jouer à la guerre lors de grandes manœuvres. Il fait de plus en plus nuit et dans la touffeur d’un buisson propice, il semble bien que le maquillé se fait enculer par un copain de régiment.
Ce lever de rideau dit beaucoup du troisième film de João Pedro Rodrigues après O Fantasma et Odete : ce que nous croyons voir n'est pas ce que nous voyons. Et ce que nous voyons n'est pas ce que voit la caméra. Une fois posé ce principe bressonien, tout est possible. Notamment Tonia, un travelo vieillissant de Lisbonne qui se prend pour ce qu'elle n'est pas, au minimum la réincarnation de Doris Day sous LSD, mais qui, par ailleurs, a un peu de mal avec ce qu'il est : un bigot perclus de superstitions catholiques et par ailleurs père d'un solide garçon, Zé Maria.
Sortilèges. Cette confusion des genres et des sentiments atteint son acmé dans la relation conjugale entre Tonia et son jeune fiancé Rosário, toxico infernal qui ne songe qu'à la tromper, lui piquer ses sous pour se piquer et la convaincre de sauter le pas entre le travesti et le transsexuel. Pour sauver leur couple, Tonia et Rosário fuient à la campagne. Ou plus exactement dans un paysage boisé si peu identifiable qu'il pourrait être n'importe où. Cette forêt devient ancestrale et du coup, folle logique, ench