En choisissant de rompre le silence, Roman Polanski ne cherche à apitoyer personne. Il veut mettre les choses au clair et notamment démontrer qu’il n’a pas fait l’objet d’un traitement équitable à l’époque des faits. Car c’est précisément sa célébrité, assortie à une réputation controversée (il fut suspecté dans la presse à scandale de satanisme après le meurtre de son épouse Sharon Tate par la «Manson Family» en 1969), qui fut la cause des errements du juge Rittenband. Un paradoxe d’autant plus choquant qu’aujourd’hui, une grande partie de l’opinion américaine exige que Polanski soit jugé comme un délinquant ordinaire, ce qui n’a pas été le cas en 1977. Mais son départ précipité pour l’Europe a fini par éclipser tous les dysfonctionnements judiciaires pour ne retenir que son statut de «fugitif».
Repérages. Or, un élément vient ajouter du crédit à la bonne foi de Polanski. Quand le réalisateur prend un aller simple pour Paris, via Londres, début février 1978, il vient d'effectuer 43 jours de détention au pénitencier de Chino. Or, pour faire ce séjour en prison, il a dû revenir aux Etats-Unis après un voyage de six semaines pour les repérages de son prochain film, The Hurricane, dans le Pacifique Sud. Le juge, qui avait obtenu de Polanski la certitude que ce dernier reviendrait purger sa peine, avait autorisé cette escapade durant laquelle le cinéaste a également fait un passage en Europe. Si son intention avait été d'échapper à la justice, pourquoi e