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Libération

Albina Imasheva & Elim Kalmouratov

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par BAYON
publié le 5 mai 2010 à 0h00

Les Roméo et Juliette du Kirghizistan de Tengri ne manquent pas d'air. Lui, brun décapé kazakh à la peau de parchemin brunie parmi les faucons et yacks de ces contrées reculées, jeune homme sec rudement raffiné, fauche comme il a couru les mers paraît-il. C'est Elim Kalmouratov, alias Temür le rêveur. Avec son œil de suie farouche qui en a vu, et sa tignasse bleu gitane, il a tôt fait de taper dans l'œil de la belle des cols asiates où notre galant à flancs creux pose son baluchon. Amira, jeune et gente épouse délaissée d'un barbon mahométan abruti d'intégrisme alcoolique, à qui elle a été vendue et mariée de force, dans la pure tradition moliéresque transplantée en pays de yourtes, est Albina Imasheva. Elle a la beauté sauvage et douce des rocs et alpages ; peut-être hasardeusement relevée d'un rien de make-up Lancôme pour les besoins de l'harlequinade passionnelle engagée, en décor naturel plus Ushuaïa que nature. Certains maniaques auront identifié en elle la femme enfant d'un certain Fils adoptif 1999, mûrie en féminité charnelle.

Dans son cadre «grandiose» de rigueur, l'idylle antique ne tarde pas à prendre corps, comme un feu du ciel crépitant. Teinté de western (troupeaux, chevaux…), et d'idéologie (Lenine et Gagarine contre Allah sur fond de conflit afghan voisin), ce drame de la jalousie, ne lésinant pas sur le panoramique dépaysant, rappelle forcément Tulpan, parent allemand 2009 certes plus irréprochable