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Libération

Assayas et Godard : le sermon des hypocrites

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Les deux cinéastes se voient reprocher par le conseil d’administration du Festival la diffusion de leurs films à la télévision.
publié le 12 mai 2010 à 0h00

Olivier Assayas est un cinéaste qui fait du cinéma, et voilà vingt-cinq ans que ça dure. Il est venu présenter ses films à Cannes de nombreuses fois sans que nul ne mette en doute sa qualité de cinéaste ou songe à requalifier ses films en objets audiovisuels non identifiés, malgré l'Eau froide, chapitre de la série collective «Tous les garçons et les filles de leur âge». Les tracasseries dont le conseil d'administration du Festival (encouragé par un discret lobbysme de la profession) s'est rendu coupable en voulant barrer l'accès de la sélection officielle à Carlos, sous le prétexte que c'était une production télévisuelle, relèvent à bien des égards de la plus hypocrite tartufferie.

Courage du métier. On reproche en fait au Carlos d'Assayas d'usurper son statut de film alors qu'il s'agit (aussi) d'une série télé en début de diffusion sur Canal +. Mais n'est-ce pas plutôt le cinéma lui-même qui rejette toujours plus loin de sa périphérie tout objet ne présentant pas les caractéristiques d'une exploitation facile et assurée en salles ? Quels sont aujourd'hui les producteurs ayant le vrai courage de leur métier et capables d'investir dans un projet de film de plus de cinq heures ? Aucun. Où sont les distributeurs et exploitants prêts à s'engager pour permettre à un film d'un tel format de sortir dans des conditions raisonnables ? Nulle part.

Les films de Syberberg, ceux de Rivette des années 70, certains Oliveira des années 80 ne seraie