Tournée, lequatrième film de Mathieu Amal-ric et qui ouvrait la compétition officielle, consiste en au moins quatre voyages superposés et presque antagonistes dont aucun ne finira vraiment jamais. D'abord un voyage dans le music-hall contemporain avec le show que produit de ville en ville une petite troupe de strip-tease américaine spécialisée dans le new burlesque : cinq filles plutôt potelées, dodues, parfois grassouillettes et un garçon. C'est un voyage au sens fellinien du terme : une succession de numéros de cabarets perçus dans la lumière brouillée de discothèques et de vieux théâtres de province, ou jaillissant dans l'embrasure d'un lourd rideau, ou s'improvisant pendant une répétition. Un défilé de chairs bariolées et de rayons fumants, une exposition morcelée, sexy sans être réellement sexuelle, où les corps offrent en même temps leur beauté et sa dérision. Les pompons tournicotent au bout des seins, les foulards s'échappent des culottes et, sur les pubis, claquent de minuscules bannières étoilées.
Trahisons. Le second voyage est celui par lequel ces plantureuses Américaines découvrent la France. Ou plutôt ne la découvrent pas puisqu'elle se plaignent à leur manager, Joachim, de n'en voir que des hôtels Mercure, des zones commerciales et des boîtes paumées. Le Havre, Nantes, Bordeaux, mais aucun paysage autre qu'urbain, nocturne, gris et postindustriel.
Joachim est le héros de Tournée et il est lui-même l'objet du troisième