Menu
Libération
Critique

Chaises musicales à Kinshasa

Article réservé aux abonnés
Rumba-Blues. Un documentaire sur l’étonnant parcours de Staff Benda Bilili, musiciens handicapés en RDC.
publié le 14 mai 2010 à 0h00

Placé en ouverture de la Quinzaine, Benda Bilili ! est un documentaire hallucinant sur un groupe de musiciens de rue dans une mégapole africaine, Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, suivi par le duo de réalisateurs, Renaud Barret et Florent de la Tullaye, sur pratiquement cinq années d'existence tumultueuse entre la dèche et la célébrité. Car entre les premières images, tournées en 2004, et les dernières, captées au cours d'une tournée européenne en 2009, le Staff Benda Bilili est passé de l'état de mendicité mélodique à la sortie des restaurants huppés de la ville à celui de coqueluche world soutenue par Damon Albarn (Blur) ou De la Soul et faisant un triomphe aux Eurockéenne de Belfort.

Zoo pouilleux. Le docu a ainsi des airs de Buena Vista Social Club africain, le film à succès surprise de Wim Wenders sur les vieux musiciens de La Havane devenus des stars mondiales suite à leur album enregistré sous la houlette de Ry Cooder. Mais à la place de l'élégance d'un Wenders tropical, jamais complètement lavé de son surmoi intello-chic, on a ici quelque chose de volontairement brut, (faussement) mal dégrossi, un enchaînement de scènes qui deviennent presque surnaturelles à force d'avoir été glanées au plus près du quotidien des déshérités du Congo. Car on ne l'a pas encore dit mais les musiciens que les documentaristes suivent au long cours sont des handicapés moteurs frappés par la polio, circulant entre les nids de poules