Bien qu'elles n'aient dormi que cinq heures et qu'elles prévoient déjà de festoyer non-stop jusqu'au week-end, les filles de Tournée, le film incendiaire d'Amalric (lire aussi page 26), cueillies au saut du lit entre les essayages de robes à imprimé léopard et les poses de faux cils, offrent d'emblée un vertigineux aperçu de leur démesure. Artistes new burlesque, elles incarnent leurs propres rôles dans Tournée. Elles sont salaces, bavardes, tonitruantes, drôles, outrageusement maquillées et balançant à fond une sorte de rockabilly à mi-chemin des Cramps et des Distillers. Et tant pis pour le voisinage, qu'on suppose vieux et riche comme l'immense résidence seventies hyperprotégée avec pelouses et piscine sur des hauteurs de la ville (on se croirait dans Super-Cannes de J.G. Ballard), résidence dans laquelle la production a eu la bonne idée de fourrer ces cinq femelles cinglées.
Dans le désordre des talons hauts qui jonchent le sol et des décolletés plongeants (malgré les douze degrés maximum), voilà donc Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten On The Keys, Julie Atlas Muz et Evie Lovelle. Avec ces surnoms de catcheuses sexy, elles excellent dans un genre réinventé depuis une quinzaine d'années, le new burlesque (une version féministo-rock'n'roll de numéros de pin-up des années 40 et 50). Entre les chambres et le vaste salon marron crème avec canapé en arrondi, déambulent également miss Kitty Hartl, leur productrice dans la vie (dont