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Libération
Critique

Oliveira donne un corps de rêve au cliché

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Résurrection. La morte Angélica renaît en photo dans le dernier film du Portugais centenaire.
publié le 14 mai 2010 à 0h00

L'Etrange Affaire Angélica est le quarante-neuvième film de Manoel De Oliveira, cinéaste moderne qui a fêté ses 101 ans au mois de décembre. La longévité sans précédent d'Oliveira, compagnon du cinéma depuis 1931, est troublante pour tout le monde. Elle est une mauvaise nouvelle pour ceux qui combattent le recul de l'âge de la retraite, elle en est une pis encore pour les critiques pressés qui confondent le concept de modernité avec celui de jeunesse. Artistiquement parlant, Oliveira n'a jamais fait son âge, et il sera intéressant d'ici dix jours, une fois le festival arrivé à terme, de vérifier combien de jeunes cinéastes auront pu l'égaler en inventivité.

Spectral. Qu'en 2010 les noms d'Oliveira et de Godard (80 balais) continuent de résonner comme ce qui se fait de plus intense en matière de recherche formelle désigne indirectement la démission progressive des générations qui leur ont succédé. Le poids de plus en plus grandissant du marché n'y est sans doute pas pour rien. Il serait heureux qu'il surgisse, en cette année marquée du sceau du renouvellement, de nouveaux noms capables de repousser un cran plus loin l'exploration de lignes de forces du cinéma. L'enjeu de ce Cannes 2010, peut-être le dernier où pourront coexister autant de générations de cinéastes, est dans la recherche de plus en plus désespérée d'une relève.

L'Etrange Affaire Angélica, en se terminant sur des volets que l'on ferme, plongeant la salle de cinéma dans un noir sp