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Libération
CRITIQUE + BANDE-ANNONCE

Xiaoshuai, lourd coup de «Blues»

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Rafiot . Le Chinois boit la tasse avec un navet moralisateur.
publié le 14 mai 2010 à 0h00

La présence en compétition de Chongqing Blues a quelque chose d'un mauvais gag. Tout, ici, est involontairement grotesque : le scénario est d'une sottise assourdissante. Un père, capitaine de bateau revenu d'années en mer, revient à Chongqing et découvre par la bande que son fils de 20 ans passés a pris une vendeuse de supermarché en otage. Il tire alors un à un les différents cordons capables de lui livrer un portrait-robot de ce fils représentatif d'une génération qu'il ne comprend pas et qu'il regarde comme perdue.

Chaque séquence pèse deux tonnes, on entend une à une les pages du scénario se tourner. Les acteurs ont quarante ans de retard sur les méthodes de jeu en cours, affichant une mine déconfite qui flirte avec le caricatural, la palme revenant à l’ex-femme du marin aux yeux bouffis de larmes qui ne quitte presque jamais sa machine à coudre parquée dans un appartement ravioli. Les détails placés de manière récurrente dans l’espoir de faire sens sont tout à fait ridicules : ainsi, le marin a toujours avec lui son barda, des fois qu’un spectateur distrait n’ait pas compris qu’il portait en lui tout le poids de sa vie d’errance. Quand il plonge dans l’univers de son fiston, il découvre que sur les ruines fumantes du communisme se trouvent aujourd’hui des mutants peroxydés qui sautillent dans des boîtes de nuits technos en faisant des chorégraphies de boys-bands du siècle dernier.

On ne peut pas vraiment dire que la mise en scène encourage à l'enthousiasme, tant