Elle a cette dégaine très précise de la fille de 30 ans qui vit à Paris et qui est cool : boots et pantalon serré, chiffon girly en guise de top, et par-dessus un blouson de cuir sur lequel dévalent de longs cheveux blonds. Mais la frange lui donne l'allure d'une actrice des seventies et son premier long métrage semble régi par le même décalage, léger, qui fait que Katell Quillévéré promène dans son cinéma quelque chose de ralenti, qui ressemble à l'ennui des dimanches en province. Tourné en Bretagne, terre pluvieuse, Un poison violent aborde, par le biais d'une chose vieillotte et sanglée, la religion, la naissance du désir adolescent. Tout juste lauréate du prix Jean-Vigo, sélectionnée dans la Quinzaine des réalisateurs, en lice pour la caméra d'or, elle nous a donné une longue interview. C'était sa première et dès le lendemain elle envoyait un mail pour préciser certaines choses avec une attention, une finesse, épatantes.
Baptême. De ses cinq premières années à Abidjan, dans une Afrique lointaine où grands-parents et parents travaillaient, elle a gardé quelques vagues nostalgies de la plage, des couleurs saturées, de l'hymne national chanté à l'école. Sa famille est catholique, de droite, conservatrice, qui s'installe ensuite en banlieue parisienne puis à Paris (la Bretagne, uniquement pour les vacances). Le week-end, on ne va pas au cinéma, on fait du sport ; et si la culture est valorisée, personne ne lui transmet rien. «Le