Monté sur scène avec vingt membres de son équipe (de l'assistant caméra au producteur en passant par les acteurs), le cinéaste Cristi Puiu a déclaré en français que son film était long, et il a tenu à s'en excuser. Aurora dure trois heures, soit une demi-heure de plus que la Mort de Dante Lazarescu, qui lui avait valu le prix Un certain regard en 2005.
Hypocondriaque. Cette comédie à l'humour noir retraçait la nuit absurde d'une infirmière et d'un pauvre vieillard, trimballé d'un hôpital plein à un autre dans Bucarest jusqu'au décès du malade. Le film était d'un hyperréalisme grinçant, une sorte d'épisode d'Urgences mais version roumaine, où la vitesse et l'efficacité alliées au glamour des acteurs de la série américaine auraient été remplacés par une abominable impéritie collective et une défaillance chronique des individus. Puiu ne s'était pas emparé de ce sujet par hasard, c'est un grand hypocondriaque qui passe des journées entières à se palper le corps à la recherche de la maladie qui ne devrait pas manquer de l'emporter.
Il tient lui-même le rôle principal dans Aurora et à plusieurs reprises, on le voit se gratter l'épaule ou, sous la douche, se palper l'estomac et le scrotum, le visage figé par la damnation psychique. Viorel, 42 ans, semble vivre seul dans un appartement en chantier. On tente de le suivre dans ses différentes activités sans toujours comprendre où il veut en venir, il rencontre des gens (son ex-femme,