La palme d'or décernée en 2007 à Cristian Mungiu pour Quatre mois, trois semaines et deux jours, si elle a révélé au grand jour et de façon précipitée une scène qui commençait à éclore, aurait pu s'avérer être un cadeau empoisonné pour la Nouvelle Vague roumaine. D'autres - on pense aux Argentins - ne se sont jamais totalement remis de l'attente soudaine pesant sur eux. Pas les Roumains. Qui sont là (trois films dans Un certain regard), et qui ne débandent pas, a-t-on envie de dire au bout des dix premières minutes de Mardi, après Noël. Dix minutes sensuelles, apaisées et naturistes, passées aux cotés d'un couple qui, il n'est pas nécessaire d'avoir fait Sciences-Po pour le deviner, a passé l'après-midi dans un lit à faire l'amour. Durant la scène, la caméra de Radu Muntean ne bougera pas d'un iota. Un système esthétique est posé, qui ne changera plus : chaque scène du film reposera sur un plan-séquence, étendu sur un format panoramique. Dont le cadre horizontal évoque moins la forme d'un serpent que celle d'un lit.
Odyssée. Le scope n'est pas le format approprié au film épique, mais au film intime. Cela, le Godard du Mépris nous l'avait déjà enseigné, mais qui l'a entendu depuis 1963 ? Il a fallu que cette nouvelle arrive jusqu'à Bucarest pour que, d'une Nouvelle Vague l'autre, Muntean réponde en film à la proposition Godardienne. Ce qui tombe bien : sa vision de l'intimité n'est pas loin de celle que partageaient Bardot et Piccoli