En matière d'opportunisme, il faudra sans doute se lever de bonne heure pour dénicher l'équivalent de cette résurrection bâclée du personnage de Gordon Gekko, trader sans pitié des années 80 incarné par Michael Douglas, alors tout en gomina et en bretelles voyantes, qu'on croyait rangé au rayon des accessoires folkloriques de l'époque. En homme d'affaires avisé, Oliver Stone n'a pas perdu de temps pour fabriquer, à la faveur d'une crise mondiale, une suite qui trahit le bricolage le plus désinvolte à son indigeste Wall Street premier du nom.
Le scénario est une redite du premier film avec, au programme, initiation d’un jeune idéaliste qui apprend la rude loi de la finance en se faisant rouler, suivie de la vengeance dudit enfariné (Shia LaBeouf à côté de ses pompes hors de prix). Seule légère variante après deux heures et seize minutes d’un ennui assommant, un happy-end à s’étrangler de conformisme nourri d’une indispensable guitare folk en fond sonore.
Sur la forme, c’est encore pire puisque Stone se livre à l’épuisant jeu des proverbes et des bons mots à chaque dialogue en ne se privant jamais d’user de la métaphore avec la subtilité d’une division de Panzers. Exemples : une bulle de savon dans le ciel de Central Park en guise de prophétie à la crise qui se prépare ou encore des rangées de dominos qui tombent tandis qu’en split-screen les courtiers s’affolent au téléphone. La mâchoire inférieure du spectateur a déjà dégringolé à la hauteur du CAC 40 un jour de krach