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Libération
Critique

«The Housemaid», sois bonne et tais-toi

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Le Sud-Coréen Im Sang-soo signe un mélo social bien tenu.
publié le 15 mai 2010 à 0h00

Avant d’entrer dans le vif de son sujet, Im Sang-soo a ouvert son film d’un préambule documentaire saisissant. Une scène de rue nocturne à Séoul où une armée de femmes s’affaire autour d’étals, dépiautant du poisson ou faisant cuire des beignets. Tandis que ce petit peuple condamné à perpète aux travaux forcés s’abrutit à ses tâches, l’esthétique réaliste s’évanouit derrière l’image d’une jeune fille élégante qui s’apprête à se balancer du toit d’un immeuble. Personne ne la voit, tout le monde s’en fout. Personne ne veut la voir. Sauf, peut-être, cette jeune bouchère qui, sans comprendre pourquoi, ne parvient pas à dégager son regard du corps qui gît sur le sol.

Droit de cuissage. Changement de décor, changement de cinéma. Tout le film se déroule ensuite dans le huis-clos opulent d'une maison de la très haute bourgeoisie, indécente de propreté et de couleurs concordantes. Ici, vivent la jeune maîtresse de maison enceinte de jumeaux, son mari que l'on devine gavé depuis l'enfance à tout ce que l'argent peut offrir, leur fille de 7 ans et une vieille gouvernante qui tient la baraque avec la souplesse d'un adjudant de la Légion. Entre en piste la jolie bouchère qui se met au service de la famille idéale, sans l'ombre d'une illusion sur la vie d'esclave moderne qui l'attend. Y compris, évidemment, le passage obligatoire par la case droit de cuissage, avec pourboire confortable à la clé.

The Housemaid est le remake d'un film réalisé en 1960 par Kim Ki-youn