Sophie Fiennes est une femme d'une sacrée trempe, aussi drôle qu'intelligente. Issue d'une famille anglaise riche en cinéma (parmi ses frères, les acteurs Ralph et Joseph Fiennes, sa sœur Martha étant également réalisatrice), elle a déjà filmé le chorégraphe Alain Platel, le philosophe Slavoj Zizek (pour The Pervert's Guide to Cinema) et le prédicateur Noel Jones, sans compter l'ambitieux projet qu'elle mène depuis cinq ans avec la sœur de ce dernier, la diva Grace Jones. Elle présente à Cannes un document sur l'artiste allemand Anselm Kiefer, Over Your Cities Grass Will Grow.
Le lien entre les artistes que vous avez croqués ?
J’utilise le cinéma comme un paravent contre la mort. Quand je suis touchée par quelqu’un, quelque chose, je veux l’immortaliser.
Over Your Cities… en quelques mots ?
L’étrange univers de Kiefer était un défi. Je voulais le capturer (un peu), et imaginer ce que le spectateur ressentirait face à cela.
En quoi les Fiennes ne sont-ils pas doués ?
Gagner de l’argent.
Grace Jones est la seule femme de votre impressionnant casting ; est-ce toujours plus aisé pour un homme d’être un esprit libre ?
Oh, en l’occurrence leur genre n’a rien à voir. D’une certaine façon, Slavoj est la femme la plus compassionnelle que je connaisse, et Grace l’homme le plus courageux d’entre eux.
Ce documentaire sur Grace Jones ?
J’ai passé les douze derniers mois à travailler sur le Kiefer. Le projet Grace est un marathon qui sera, qui sait, achevé pour les JO. Grace et moi sommes des coureuses de fond.
Votre film de chevet ?
Les Quatre Cents Coups et Voyage à Tokyo.
Votre réalisateur préféré ?
Yasujiro Ozu.
Un acteur, une actrice ?
La sauvagerie de Klaus Kinski dans les premiers Werner Herzog.
Ce qui vous fait rire ?
Filmer avec Slavoj Zizek.
Le cinéma est mort, une épitaphe ?
J'ai suivi Noel Jones dans sa paroisse pentecôtiste et je suis excitée par l'idée de résurrection. Co