Bien des trésors de cinéma se bousculent dans Unter dir die Stadt (The City Below), troisième long métrage du munichois Christoph Hochhäussler. Notamment des fragrances d'Antonioni qui doivent beaucoup à l'identification d'une femme : l'actrice Nicolette Krebitz, résurrection d'une Christine Boisson toute de glace incandescente. Elle est Svenja, la jeune femme d'un cadre bancaire basé à Francfort. On fait sa connaissance dans la rue où elle est autant intriguée que nous par une fille qui porte le même chemisier. Svenja la suit jusque dans une boulangerie où elle achète la même pâtisserie qu'elle. Dont elle s'empresse de recracher la première bouchée à peine ressortie. Tout le reste du film est construit sur ce genre d'inexplications romanesques. Aussi bien dans les rapports conjugaux que dans l'adultère qui va lier Svenja au patron de son mari, Roland Cordes, «banquier de l'année» à lire le titre des magazines, mais plus incertain quant à sa vraie identité.
Canapé. Le film étend alors le domaine de sa lutte et plonge dans l'eau glacée de ces réunions de décideurs où à travers la fausse transparence des bureaux paysagers le sort de quelques milliers d'ouvriers se décide d'un trait d'ordinateur, où les stratégies dites rationnelles de la haute finance carburent à l'économie libidinale de la plus grande incertitude, voire de la folie.
C'est dire l'actualité du film. L'ethnographie des cadres sup, leurs us et coutumes, leurs intérieurs au sens au